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Avant la thèse

1er collectif pour contribuer à la valorisation du doctorat en France

Le doctorat c’est quoi ?

Le Doctorat (ou PhD à l’international) est le diplôme universitaire le plus élevé dans l’ensemble des systèmes éducatifs mondiaux. Indispensable pour une carrière en Recherche ou dans l’Enseignement Supérieur, il est aussi une des clefs de la réussite d’une carrière dans les grands groupes internationaux. Correspondant à un niveau Bac+8, il fait suite à un travail de recherche mené pendant au moins trois ans dans un laboratoire qui se conclut par la rédaction et la soutenance d’une thèse. Ce travail s’accompagne également d’un enseignement complémentaire professionnalisant.

Pourquoi faire un doctorat ?

L’activité de recherche permet d’approfondir des notions et concepts appris dans le cadre de son parcours universitaire, mais également de les contester, d’un point de vue pratique et sous l’angle des enjeux théoriques, en adoptant une méthode scientifique rigoureuse, propre à chaque discipline. Il est possible ainsi de s’engager dans un doctorat en raison d’une curiosité constante, d’une envie d’apprendre et tout simplement en raison d’un “amour pour les connaissances”.
Faire un doctorat peut être le moyen de faire maturer un projet professionnel tout en continuant à acquérir des connaissances et de l’expérience. La thèse permet de se poser pendant au moins 3 ans, pour travailler de manière approfondie sur une seule question.

Tous les doctorants ont-ils un financement ?

Selon le ministère de la recherche, en 2013-2014, 69,5 % des doctorants inscrits bénéficiaient d’un financement de thèse, 18,6 % avaient une activité salariée et 11,9 % n’avaient pas d’activité rémunérée (SIES 2015). Dans le même ordre d’idée, à partir d’une typologie sur les conditions de thèse, la dernière étude du Cereq (Calmand 2015) montre que 9 % des docteurs diplômés en 2010, n’avaient pas obtenu de financement, ils avaient principalement réalisé leur thèse chez eux et n’avaient pas enseigné durant leur thèse.

Comment savoir si on est fait pour une thèse ?

L’une des principales qualités est l’autonomie et avoir une faculté à s’organiser seul et aimer ou au moins accepter la solitude.
Même s’il n’y a pas un profil type, le point central qui revient c’est la curiosité. Il y’a la volonté de mieux comprendre le monde qui nous entoure.
La persévérance est également une qualité essentielle dans le cadre du doctorat tout d’abord parce qu’il y aura forcément des moments de découragement et ensuite parce que traiter au moins trois ans un sujet, c’est long.
On ne peut pas réellement savoir avant de commencer. On se fait tellement une idée de ce que ça pourrait être ou ne pas être, et il se trouve qu’on ne vit pas tous les mêmes thèses. Il est toutefois important de se demander si on est prêt à garder en tête la même question, le même sujet pendant des années.

Un doctorat offre-t-il une garantie systématique d’avoir un emploi ?

Aucunement. A titre personnel, il m’a également été permis de constater la réticence de certains recruteurs face au simple fait d’énoncer que l’on est docteur. Leur niveau d’études était très variable mais il existait, a minima, un doute chez eux. Celui-ci était, à mon humble avis, grandement nourri par l’image du doctorant “rat de bibliothèque”. L’idée d’un docteur en prise avec le terrain, multipliant des échanges et des rencontres, tout en ancrant ses recherches et sa thèse dans les réalités du quotidien est encore difficile à défendre auprès de certaines structures, qu’elles soient publiques ou privées.
Cependant, l’espoir reste permis, pour tout docteur, car ce cursus nous forge tant professionnellement que personnellement. Il nous donne une endurance et une pugnacité que peu de professions peuvent négliger.

En quoi consiste le travail d’un doctorant ?

En règle générale, ce travail se décompose principalement en 3 temps assez équilibrés (et qui alternent selon les phases pour remplir chacun un tiers environ) :
– Le terrain : selon votre sujet il s’agira de mener des entretiens, faire de l’observation, chercher les bons contacts, les bonnes personnes, suivre votre intuition et votre méthodologie pour aller à tel endroit à tel moment. Organiser, planifier, préparer et tirer profit de ce temps de terrain est un “gros morceau”, parfois le préféré selon les profils
– La bibliographie incluant pas mal de lecture mais aussi des participations à des séminaires et colloques en tant qu’auditeur/trice, visionnage de documentaires, bref, tout ce qui alimente la réflexion en plus du “terrain”
– L’écriture, de la thèse à proprement parler, mais aussi d’articles, interventions, résumés, fiches, rapports. La relecture, la correction, la compulsion de la bibliographie sont longues mais c’est aussi là que se concrétise la réflexion !
– (On peut ajouter l’enseignement et la vulgarisation scientifique pour celles et ceux qui s’y engagent, cela aussi peut alimenter encore différemment votre expérience doctorale.)

Passer l’agrégation avant, pendant ou après sa thèse ?

Il est conseillé à de nombreux doctorants en Sciences Humaines de passer leur agrégation avant de s’embarquer dans le long processus de la thèse. L’agrégation est, d’emblée, un exercice difficile, et il vaut mieux ne pas essayer de la passer pendant la thèse.
Pour ce qui est d’avant, cette solution est souvent encouragée car une personne dépositaire de l’agrégation entre de fait dans l’éducation nationale et cela lui garantit une position, et donc un salaire, s’il ne peut trouver un contrat doctoral pour financer sa thèse. Il faut, cependant, si on s’y met, repousser sa thèse d’une, deux, voire trois années, car il est très difficile de se lancer dans un travail de recherche alors que l’on apprend les bases du métier ou que l’on prend ses marques en tant que néo titulaire.
Il est tout à fait possible de passer l’agrégation après la thèse, mais cela posera également la question de votre statut avant de l’obtenir et du degré de travail que vous devrez fournir en parallèle pour obtenir un salaire. Il n’y a donc pas forcément de bonne ou de mauvaise réponse à cette question, mais il est important de réfléchir à sa stratégie avant de se lancer.

Comment financer sa thèse ?

Pour financer votre thèse, vous pouvez utiliser les méthodes suivantes :
– Le contrat doctoral
– Le CIFRE
– Les bourses
– L’auto-financement
– MF Le CIR (Crédit impôt recherche)
– Agence Nationale de la Recherche (ANR)
Rapprochez-vous des Direction de la Recherche et des Etudes Doctorales (DRED) de vos universités. Elles ont souvent des personnes chargées de conseiller les doctorants et futurs doctorants dans leurs démarches et notamment de les aider à trouver un financement ad hoc. Il existe aussi des financements spécifiques pour les mobilités, cotutelles etc. (auprès de fondations et ambassades par exemple).

Comment fonctionne une thèse CIFRE ? Comment trouver une entreprise d’accueil ?

Le dispositif CIFRE permet de confier à un doctorant une mission de recherche partagée entre une organisation (Start-up, PME, ETI, grandes entreprises, association, collectivité territoriale, chambre consulaire…) et un laboratoire académique (rattaché à une école doctorale). Ce dispositif se met en place à l’aide d’un CDD d’une durée de 36 mois ou d’un CDI. Son objectif est de favoriser le développement de la recherche partenariale publique-privée et de placer les doctorants dans des conditions d’emploi. En l’occurrence et même s’il est peut-être un peu galvaudé d’utiliser la comparaison avec le principe des contrats en “alternance, ces deux dispositifs se retrouvent autour de similitudes.
Les conditions sinequanone d’octroi sont :
– L’organisation doit être de droit Français
– Le candidat est titulaire d’un diplôme de niveau Master ou de grade équivalent. Le dispositif Cifre est ouvert à toute nationalité, sans condition d’âge. Le candidat ne peut pas être ou avoir été embauché par ladite structure, ses filiales ou succursales sur une durée cumulée de plus de 9 mois à la date de réception par l’ANRT du dossier de demande de Cifre. De la même façon, Le candidat ne peut pas être inscrit en thèse depuis plus de 9 mois à la date de réception par l’ANRT du dossier de demande de Cifre.

Comment fonctionne le financement CIR ?

Le CIR consiste au financement internalisé ou externalisé d’une entreprise à son activité de recherche et développement. Internalisé, cela signifie qu’elle permet à un de ses collaborateurs de se lancer dans la réalisation d’un doctorat. Externalisé, cela signifie que ses dépenses de recherche sont confiées à une université ou une fondation d’utilité publique dont le fondateur et l’un des membres est un organisme de recherche.
Elle pourra déduire fiscalement les sommes ainsi que toutes les dépenses relatives à la réalisation de la recherche de son impôt sur les sociétés.
C’est très avantageux pour les entreprises et assez méconnu tant du côté des entreprises que des universités.
Cela signifie qu’un salarié au titre de son parcours de formation professionnelle peut se faire financer sa thèse par son employeur qui déduira les sommes consacrées (le taux est de 30%) de ses impôts.

Comment s’inscrire en thèse ?

Pour s’inscrire en thèse on peut dans un premier temps rechercher des offres de thèses (qui ont déjà une source de financement donc) sur des sites comme l’ABG. On peut également envoyer des candidatures spontanées dans les laboratoires dont les travaux de Recherche nous intéresse.
Pour le concours de l’école doctorale, souvent les professeurs remarquent les étudiants susceptibles de se lancer dans une thèse pendant leurs années d’études, ou bien lors d’un stage de fin de cycle.
S’il s’agit d’une thèse “en entreprise” type CIR, il faut écrire un projet de thèse présentant le contexte à la fois de l’entreprise mais surtout celui du thème de recherche et les questions qui se posent par l’aspirant doctorant puis présenter ce projet de thèse afin de rechercher un directeur de thèse.

Comment trouver un directeur de thèse ?

Pour trouver un directeur de thèse, il est possible de choisir parmi les enseignants rencontrés au cours de notre scolarité universitaire, en fonction de notre choix de spécialisation et en tenant compte de l’habilitation à diriger les recherches dont doivent être titulaires les enseignants pour encadrer une thèse de doctorat. Cela implique de poursuivre avec un doctorat dans la même Université.
Souvent, la deuxième année de Master avec la rédaction d’un mémoire de recherche permet d’avoir un premier directeur de mémoire qui pourra éventuellement devenir un directeur de thèse.
Lorsque l’on souhaite changer d’Université, en France ou à l’étranger, si un enseignant est particulièrement pertinent pour notre domaine de spécialisation ou pour le choix de notre sujet de recherche, il est possible de le contacter directement afin de lui demander s’il serait disponible pour nous encadrer dans le cadre d’une thèse de doctorat.
Avoir un réseau de contacts dans le milieu universitaire, avoir fait des stages auparavant ou avoir passé une année à l’étranger au cours de sa scolarité (ex. Erasmus), permet d’élargir les possibilités et de faciliter le contact avec un plus grand nombre d’enseignants universitaires.

Comment rédiger sa thèse ? Quelle est la différence entre une thèse sur articles ou thèse “classique” ?

Il faut garder à l’esprit que le processus d’écriture n’est pas linéaire et souvent, après plusieurs chapitres, quand les pages s’accumulent, il y a un regain de confiance et motivation et plus on écrit, plus il est facile d’écrire. C’est pour cela qu’il faut commencer à écrire le plus tôt possible. Cependant, on ne peut pas rédiger la thèse trop tôt car notre recherche bibliographique et nos objectifs changeront durant la thèse. On ne peut pas non plus la rédiger sans avoir un minimum d’aperçus de nos résultats. Le mieux est de tout rassembler dans un seul document qu’on complètera au fur et à mesure de nos recherches et de la fluctuation des idées, même si au début le document ressemble à un vaste brouillon. Une fois le plan de rédaction déterminé, une bonne technique pour avancer de manière structurée est d’écrire ses idées, notes de recherche, réflexions, interrogations et références bibliographiques directement dans le corps du plan qu’on viendra enrichir au fur et à mesure des années.
Néanmoins, il n’y a probablement pas de méthode absolue ou une façon universelle de faire, c’est à chacun de trouver ce qui fonctionne le mieux pour lui et dans quelles circonstances et avec quels moyens, il se trouve le plus efficace.
Excellents conseils ici : https://www.youtube.com/watch?v=qbQ02vJkXQw&t=2869s

En quoi consistent les missions d’un doctorant ?

Un doctorant doit être capable de manager un projet (son projet). En amont, faire la Recherche bibliographique pertinente, être capable ensuite d’établir des protocoles d’expériences. Ensuite, il doit être capable de faire une analyse poussée de ses résultats, qu’ils soient bons ou mauvais. En y revenant plusieurs mois plus tard, tout nous semble plus clair. De plus, un doctorant doit être capable (de plus en plus de nos jours) de vulgariser son sujet et de savoir les communiquer en s’adaptant à son public. Le travail de synthèse est également un gros point du doctorat. Enfin, un doctorant doit être capable d’avoir une véritable ouverture d’esprit et de compétences grâce aux formations transversales qu’il pourra réaliser pendant le doctorat.
Pour une thèse en entreprise, l’entreprise peut vous demander de réaliser d’exécuter des missions pour elle. Cela doit être bien encadré et rédigé dès le départ. Votre directeur de thèse doit être l’interlocuteur de l’entreprise lorsqu’il y a un problème et ne pas vous laisser seul. D’où l’importance de son directeur de thèse.

Quels sont les pièges à éviter pendant la thèse ?

Les pièges varient en fonction des domaines d’écriture :
En Sciences humaines et sociales et Sciences juridiques, le principal piège est de rester isolé. Il ne faut donc pas hésiter à participer aux évènements organisés par les associations de doctorants. Il est aussi essentiel d’avoir des contacts réguliers avec son directeur de thèse. Cependant, ce n’est pas la seule personne avec qui vous pouvez vous exprimer. Il faut savoir prendre des informations de la part de ses pairs et prédécesseurs pour pouvoir avancer. Une autre erreur est de ne pas considérer sa thèse comme un véritable projet et de ne pas s’organiser. A chaque étape de sa thèse doit correspondre un temps déterminé.
En géographie un des pièges principaux est de ne pas arrêter le terrain (et en histoire les archives). Au bout d’un moment il faut savoir arrêter la récolte d’informations qui est totalement addictive et infinie, pour se lancer dans l’analyse l’écriture. C’est frustrant mais nécessaire.

Quel est l’intérêt de faire une thèse en doctorat en cotutelle avec la France et le Québec ? Quelles sont les particularités de cette thèse ?

La cotutelle apporte de nombreux avantages (double titre de docteur, double culture, réseau, enrichissement personnel, décalage sur le sujet, langue etc..) même si cela peut représenter pas mal de travail en plus. La cotutelle exige en général de passer la moitié des 3 ans de thèse dans un pays puis dans l’autre.
L’intérêt d’une cotutelle avec le Québec est la présence de plusieurs Universités francophones avec de nombreux domaines de spécialité. Les principales que l’on puisse citer sont l’Université de Montréal, l’Université du Québec à Montréal, l’Université Laval (Ville de Québec), l’Université de Sherbrooke.
La particularité du doctorat au Québec est que le doctorant doit suivre des cours obligatoires. Par exemple, en droit, des cours de méthodologie juridique et d’épistémologie. Il a également le choix de prendre des cours facultatifs disponibles au 3ème cycle. Cette scolarité doctorale peut être assez lourde et il est nécessairement de prendre cette charge de travail en considération.
Les frais de scolarité sont plus élevés au Québec pour les étudiants français au niveau licence ou au niveau master, mais la bonne nouvelle est qu’au doctorat, les étudiants français bénéficient du tarif appliqué aux étudiants québécois qui est le plus bas. Il y a également la possibilité pour les doctorants français de recevoir une bourse.

Comment faire une thèse de doctorat en cotutelle avec la France et le Québec ?

Le doctorant doit être inscrit simultanément dans les deux Universités tout au long de son parcours doctoral. Un projet de cotutelle s’anticipe parfois dès le M1 ou M2, et il faut lier le tout à la construction du sujet. Dès l’inscription en première année de thèse dans l’Université française, il est nécessaire de déposer une demande d’admission auprès de l’Université québécoise choisie, après concertation avec son directeur de thèse français. Le choix du directeur de thèse québécois va nécessairement conditionner le choix de l’Université. De plus, la convention de cotutelle devra spécifier les modalités de la scolarité doctorale : généralement, le doctorant paie les frais de scolarité au Québec lorsqu’il y est physiquement présent et il en est dispensé en France. La durée réglementaire d’un doctorat est de quatre ans au Québec et généralement le doctorant partage son temps entre les deux Universités ce qui implique une certaine souplesse dans la mobilité et être capable de s’adapter au fur et à mesure du parcours doctoral.

Pour plus de renseignements et détails sur la thèse en cotutelle avec la France et le Québec, l’Université de Montréal propose ce guide qui peut être très utile: https://esp.umontreal.ca/fileadmin/esp/documents/Cotutelles/Guide_Cotutelles.pdf
Néanmoins, il faut garder à l’esprit que ce guide présente les spécificités propres à l’Université de Montréal et qu’en fonction des Universités, il peut y avoir d’autres contraintes ou particularités dont il faut prendre connaissance avant d’entamer les démarches pour la cotutelle.

Doit-on forcément avoir l’agrégation pour se lancer dans une thèse ?

Non, absolument pas. Lors de ma deuxième année de master, je n’avais ni CAPES ni agrégation, et même si je souhaitais par-dessus tout faire une thèse, je n’ai aucune envie de me retrouver dans l’enseignement ensuite. Pour les professeurs ou pour vous-même, tout est question d’objectif.
En droit, l’agrégation intervient après avoir obtenu son diplôme de doctorat et généralement après avoir été maître de conférences dans la mesure où il y a une évaluation de l’admissibilité du candidat au concours d’agrégation qui a lieu tous les deux ans. Cette admissibilité est évaluée par rapport à son expérience en matière d’enseignement et sur ses publications, avant même de pouvoir s’inscrire aux épreuves.