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Quel avenir pour la recherche française ? Synthèse des échanges au Sénat

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Quel avenir pour la recherche française ? Synthèse des échanges au Sénat

Dans une période charnière pour le paysage scientifique national, la France se penche sur les perspectives et les orientations futures de sa recherche. Alors que le plan France 2030 sert de toile de fond, une audition au Sénat du 23 janvier 2024 révèle les aspirations profondes d’un secteur en quête de renouvellement et d’excellence, marquant ainsi une étape cruciale dans la réflexion nationale sur l’avenir de la recherche en France. Cet article ambitionne de mettre en lumière les opinions, les propositions, et les consensus émergents sur la direction que devrait prendre la recherche française dans les années à venir. 

Le Plan France 2030 : Un tournant pour l’Innovation

Avec un budget de 54 milliards d’euros, le plan France 2030 se présente comme un levier majeur pour la recherche et l’innovation françaises. Le député, M. Bruno Bonnell met en lumière cet engagement en déclarant qu’il vise à « répondre aux défis énergétiques, climatiques et démographiques à travers l’innovation ». Cet objectif est sous-tendu par des projets ambitieux, tels que le développement de petits réacteurs nucléaires modulaires, la conquête du leadership dans l’hydrogène vert, et la promotion de biomédicaments. Ces initiatives incarnent la vision d’une transition vers une « société du mieux », où la recherche joue un rôle central dans l’innovation sociétale et technologique.

Renforcement des Organismes de Recherche Nationaux

« Le sujet sur la table aujourd’hui est celui de l’attractivité, vis-à-vis des jeunes, de l’étranger et du privé. »

M. Antoine Petit, président-directeur général du CNRS

L’engagement du CNRS et de l’Inserm dans le cadre de France 2030 marque un pivot stratégique important. M. Antoine Petit exprime son enthousiasme : « Le CNRS est fier de diriger ou co-diriger près des trois quarts des cinquante PEPR lancés. » Cette coopération inter-institutionnelle est nécessaire pour le progrès scientifique en France, promettant d’accroître l’influence de la recherche dans des secteurs vitaux pour l’avenir. M. Didier Samuel, doyen de la faculté de médecine Paris-Sud, a souligné le rôle des PEPR et le financement de l’Inserm, montrant comment ces initiatives stimulent la recherche médicale et proposent des solutions novatrices à des défis actuels tels que les maladies infectieuses émergentes et les questions liées à l’alimentation et au microbiote.

Attractivité et Financement de la Recherche

« Le budget global de la recherche française, après avoir accusé un recul entre 2021 et 2022, s’établit cette année à 2,2 % du PIB, quand nos voisins allemands se sont fixés comme objectif d’atteindre les 3,5 %, les États-Unis se situant à près de 3 % ».

Mme Laurence Garnier, rapporteure des crédits de la « recherche » de la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport.

L’équilibre financier reste un défi majeur pour la pérennité de la recherche en France. M. Didier Samuel met en avant l’importance de l’investissement pour renforcer l’attractivité des carrières de recherche, soulignant que « Pour être compétitif internationalement, il est essentiel d’investir, notamment pour rendre les carrières attractives. » Cette vision partagée par les acteurs clés de l’audition reconnaît l’importance cruciale d’attirer et de retenir les talents dans le domaine de la recherche.

Sous-investissement chronique du secteur privé

L’implication des entreprises dans la dynamique de recherche et d’innovation est essentielle pour le succès de France 2030. M. Bruno Bonnell souligne la diversité et la qualité exceptionnelle des industriels français, présents sur tout le territoire, y compris dans les régions ultramarines. Cependant, il identifie un sous-investissement chronique du secteur privé, en partie dû à une prise de conscience tardive des bouleversements systémiques de notre société et à une recherche de profits à court terme. Les PME et PMI, notamment, ont montré une certaine réticence à intégrer les nouvelles technologies, comme l’informatique, dans leurs opérations. Aujourd’hui, nous assistons à des changements encore plus radicaux avec l’émergence de l’IA. La collaboration entre les secteurs public et privé, la valorisation de la recherche à risque et l’adoption de technologies de rupture comme l’IA sont des leviers essentiels pour renforcer la position de la France sur la scène mondiale de l’innovation et de la recherche.

Changement de perception de l’industrie pharmaceutique

M. Didier Samuel souligne un changement de perception de l’industrie pharmaceutique, historiquement considérée avec méfiance, vers une reconnaissance de son rôle essentiel dans la fabrication de médicaments et la nécessité d’une collaboration entre le secteur public et privé. Il note une évolution lente mais positive dans l’attitude des investisseurs vis-à-vis des produits de la recherche en santé, qui étaient auparavant vus comme risqués, ce qui freinait l’investissement et le développement d’un écosystème propice en France comparé aux États-Unis. Pour accélérer l’investissement des grandes industries pharmaceutiques en France, un effort concerté est nécessaire.

Vers une Simplification et une Gouvernance Améliorée

« Si le paysage de la recherche ne doit pas ressembler à un jardin à la française il ne peut pas non plus être une jungle dans laquelle on se perd au premier pas »

M. Stéphane Piednoir

La communauté de recherche attend avec impatience une simplification des processus administratifs et une gouvernance améliorée. M. Didier Samuel appelle à une simplification des procédures et à une meilleure coordination entre les partenaires qui reflète la volonté commune d’accélérer la recherche, soulignant l’impact positif anticipé de France 2030 sur le paysage de la recherche française. M. Bonnell souligne la nécessité de cette évolution en affirmant qu’il est crucial de « nous éloigner de l’idée que la science est néfaste », ce qui implique un besoin fondamental de communication et de gestion plus efficaces pour soutenir la recherche en France.

« Nous souffrons de notre incapacité à nous donner des objectifs. Les agences de programmes, c’est très bien, mais quel est l’objectif ? Qu’est-ce qui fera qu’à terme nous serons contents parce que nous aurons avancé ? Par exemple, qui est contre la simplification ? Personne, motion adoptée à l’unanimité ! Mais que fait-on ensuite ? Ne pouvons-nous pas nous donner un certain nombre d’indicateurs, comme le temps que l’on va mettre pour recruter un contrat à durée déterminée (CDD), payer un fournisseur, rembourser une mission ? Cela fait vingt ans que l’on nous parle des relations entre les universités et les organismes de recherche : pendant ce temps, les Allemands et les Chinois, eux, travaillent ! »

M. Antoine Petit.

En conclusion

L’audition a mis en lumière un consensus sur la nécessité de revitaliser la recherche française. Avec le plan France 2030, une stratégie renouvelée pour les ONR et un engagement accru du secteur public et privé, la recherche française semble prête à entrer dans une nouvelle ère. Toutefois, le succès de cette transformation repose sur une mise en œuvre minutieuse et une capacité d’adaptation continue aux défis futurs, esquissant un chemin prometteur mais exigeant pour l’avenir de la recherche en France.

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